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A paraître: "La Raison d'Agir"

Publié le 03/04/2023

A paraître en septembre 2023: La Raison d'Agir. Editions Vrin, Paris.


"Donner sens à sa vie" n’est pas seulement donner à l’action une direction, un objectif : la prospérité, la santé, la réussite professionnelle ou familiale, mais une valeur qui fait de la vie une vocation, l’accomplissement de quelque chose qui est plus grand et plus fort que soi. Si le sens est la raison d’être des choses, la valeur est la raison de l’action, ce pourquoi et ce pour quoi on agit, qui a pour motif le choix du meilleur.


La société de consommation, dont nous sommes à la fois les contributeurs et les contempteurs, réduit la vie à une somme de jouissances passagères (le temps d’être jeune) et provisoires (la mode les démode). Elle contraint à lutter et risquer beaucoup sur le plan professionnel pour s’offrir ces biens dont on connaît pourtant l’insignifiance et l’inconsistance. Il n’est pas faux de parler d’une culture de la mort dès lors que le temps qui passe est consacré à oublier que, à force de banalité, la fin de notre parcours en signera le vide de sens.


Le besoin de donner sens à la vie peut être compris comme un besoin de spiritualité. Mais quelle idée avons-nous encore de la spiritualité et du chemin pour y conduire ? L‘intelligence critique met en garde contre le culte des mystères et condamne les aspirations au surhumain qui alimentent trop facilement les dérives sectaires.


Or, contre l’attente, la désacralisation du monde, en cherchant à protéger les sociétés de la domination de volontés de puissance irrationnelles, occultes, religieuses ou illuminées, a en même temps créé les conditions de la déshumanisation des raisons de vivre, en la privant des forces de l’esprit. Cette privation ne peut être conjurée que par une nouvelle compréhension de la spiritualité, qui fait le fonds propre de l’homme.

Restaurer la puissance d’agir par le sens est sans doute la mission qu’on peut attendre d’un humanisme d’avenir. En pédagogie, en économie autant qu’en morale et en politique, il est nécessaire de réhabiliter les passions créatrices, car le créateur n’est pas, comme on le croit trop souvent, la cause physique d’un monde d’objets, mais l’initiateur d’une histoire collective qui vit de significations et d’interprétations. Le but que les hommes peuvent donner à leur destin collectif (l’humanité historique) se trouvera, demain, déterminé par la puissance de création symbolique. L’humanisme doit, lui aussi, trouver sa voie, sa puissance symbolique, son autorité symbolique dans un monde qui sera totalement dominé par le pouvoir des signes. L’urgence humaniste est bien de pourvoir chacun du pouvoir de dire, de signifier, de raconter et de faire sens, le pouvoir de contribuer à la construction symbolique du réel, qui est notre monde commun.